Laboratoire souterrain de Berlin, 10 Juin 1944
Dans une grande salle aux murs noirs et métalliques, Kloana s'est assise en tailleur. Feuforêve et Mew parcourent encore la pièce pour mieux la découvrir, mais elle est terriblement vide. L'hybride Spectrale, lassée de chercher en vain un éventuel objet dans la pièce, alla s'asseoir en face de Kloana pour lui poser quelques question, tandis que Mew cherchais encore et toujours quelque chose, pour savoir si elles étaient dans une salle vide ou non.
« Dit, Kloana, qui est-ce qui t'a donné ce surnom ?
-Moi-même... Ce nom m'est revenu du fond de ma mémoire qui me semblait effacée. Inutile de dire que les allemands ne m'appellent pas comme ça ; pour eux, je suis le sujet P-4
-Pourquoi P-4 ?
-D'après ce que j'ai cru comprendre, P signifie psy. Et le nombre 4 sous-entends que...
Elle frissonna avant de reprendre
-Qu'il y a eu trois autres sujets avant moi. Et je ne crois pas avoir beaucoup de doutes sur le sort qu'ils ont eu.
-Et moi, quel est mon nom pour toi ? Et pour les gens bizarres ?
-Pour toi, j'aime bien le nom de... Guantanamo, ce nom sonne bien, je trouve. Et les « gens bizarres » comme tu le dit, te considèrent comme le sujet S-13. Si tu veux le savoir, S signifie « Spectral » Quand à ton amie, je ne lui trouve pas de nom, mais son «numéro » est P-18. Ce qui signifie qu'il y a eu 14 sujets ratés entre nous deux. Quatorze morts pour deux vivants... Vous allez devoir apprendre à survivre dans ce monde cruel, vous deux. La faiblesse, c'est la mort si un SS est dans les parages. Et je pense que vous voulez vivre, non ?
-Oui, je veux vivre, mais... j'ai rien à me raccrocher... Qu'est que je peux faire ? ... »
Guantanamo se mit à pleurer à chaudes larmes, et l'hybride créfollet tenta de la réconforter, et surtout, de la faire arrêter. Les SS rodent, tuent au moindre signe de faiblesse, au nom du « Grand Reich Allemand »
Reich qui, dans le même temps, se désagrège, tente de retarder sa mort. Du côté ouest, les alliés débarquent chaque jour des milliers d'hommes et de véhicules chaque jour à l'intérieur de la tête de pont de Normandie. Et dans les grandes plaines d'Ukraine et de Biélorussie, les armées allemandes passent sous le « rouleau compresseur soviétique ». Minsk est reprise par les russes après près de trois ans d'occupation. Et quand les soldats de Staline découvrent ce que les allemands ont fait au peuple, (les exécutions sommaires, massacres, déportation étaient courante) ils s'emplissent de rage, ce qui les rends encore plus redoutable au combat. L'Italie, elle, est sur le point de disparaître. Les alliés ont pris Rome début Juin, et avancent, lentement mais surement, vers le nord, vers Turin, Milan et Venise. L'armée italienne est mal équipée et commandée. Elle ne sert plus qu'à chasser les partisans.
La Japon, lui, espère encore. Pourtant, le pays est écrasé sous les bombes, mais les japonais comptent reconquérir le terrain perdu en Océanie grâce à ses premières hybrides de combat, technique dans laquelle les japonais dépassent largement les allemands. Mais en Juin 1944, Seules trois d'entre elles sont prêtes au combat. Et contrairement à la chair à canon basique du Japon, elles ne sont pas endoctrinées. Les canons anglo-américains n'attendent pas.
Les trois « filles de l'ombre » surgissent sur des pauvres patrouilles anglaises, ou des soldats isolés, empêchant les missions de reconnaissance d'avoir lieu, rendant aveugle les armées alliées. Et alors, le reste des forces pouvaient attaquer par surprise, enfoncer les lignes ennemies. Pourtant, ces trois jeunes filles, d'un âge physique de seulement seize and, ne voulaient pas servir d'arme de guerre. On les traitait comme des armes qui devaient sauver le Japon de la destruction. Pas comme des êtres vivants. Si seulement tout pouvait s'arrêter...
Retournons au laboratoire souterrain de Berlin, dans lequel Kloana et ses deux apprenties étaient enfermées. Une fois que la Mew eut enfin arrêté de chercher un objet dans la Salle, elle alla rejoindre Kloana et Guantanamo, afin de savoir ce qu'elle devait faire. Mais soudain, la salle fut ouverte, et les SS y jetèrent sans aucune forme d'attention une autre hybride. C'était une ville d'environ quatorze ans, avec des cheveux d'un jaune pâle qui descendaient derrière sa tête, une peau recouverte (à l'exception de la tête) par un pelage rayé marron et noir, et elle semblait posséder quatre queues rouges de Renard. Elle avait pour vêtement une sorte de petite robe blanche, qui semblait très légère. Quand elle se releva, la nouvelle hybride aperçut le trio qui était déjà présent, et alla se plaquer à un mur, l'air terrifié.
« Qui... Qui êtes-vous ! Qu'est que vous me voulez ? »
Kloana fut la seule à prendre la parole, les deux autres hybrides n'ayant aucune réponse à formuler.
« Nous sommes comme toi, de pauvres sujets d'expérimentation maltraités par ceux qui doivent recueillir les résultats. Je n'ai rien contre toi, et je suis sûre que ce n'est pas non plus le cas de ces deux demoiselles. Dit-moi, tu me semble bien étrange... ne serait-tu pas un cas particulier ? Je reconnais deux sortes de Pokémons en toi »
Pour toute réponse, la nouvelle venue se plaqua encore plus contre le mur, tremblotant de toute part.
« Oui, tu as des queues de Goupix et une fourrure de Caninos. Il semblerait que nos geôliers tentent de faire de la génétique plus élaborée... qu'est-ce que ça sera ensuite ? Je préfère ne pas le savoir... »
Juste après, Guantanamo tenta de briser la glace avec celle qui semblait terrifiée.
« Est-ce que tu as un nom ? »
Cette fois-ci, l'hybride feu commença enfin à parler.
« No... non... »
Kloana rebondit aussitôt sur la réponse pour lancer, d'un ton bienveillant et autoritaire à la fois :
« Eh bien, nous allons t'en trouver un ! Puisque tu es un mélange de Caninos et de Goupix, que dirais-tu de... Kitsuninu ?
-Euh... si vous voulez...
-Formidable ! Ne t'inquiète pas, ce n'est pas nous qui te feront du mal. On a déjà assez de personnes à qui il faut survivre... »
De l'autre côté des océans, dans la Jungle des Philippines, la forêt se remplit de bruissements. Soudain, on aperçoit, le temps de quelques secondes, un être vivant passer à toute vitesse dans les fourrés, à quatre pattes. Cette créature a le corps d'une humaine, des oreilles et une queue de loup qui arborent toutes deux la même couleur : Un blanc neige sur lequel les quelques rayons du soleil qui percent le feuillage des arbres viennent briller avant de s'éteindre quand ces parties du corps de la créature repassaient à l'ombre. D'ailleurs, cet être semblait être civilisé : Il portait sur tout son buste un vêtement blanc, avec ici et là des boules de fourrures toujours aussi blanches d'accrochées. Les jambes étaient, elle, couvertes d'une magnifique jupe rouge et noire. Nul ne peut douter au premier abord de la véritable mission de cet hybride entre une humaine et un Grahyena blanc, sous-espèce très rare du célèbre Pokémon loup...